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Manifestation PN Harkis 2012
13 septembre 2011

colons

Après les biographies des plus gros colons (Blachette, Borgeaud, Duroux, Faure, Schiaffino), voici un article sur les colons

1) Il ne faut pas confondre : le colon n’est pas un colonialiste

Le colonialiste est celui qui est en faveur des colonies, le plus souvent parce qu’il y a des intérêts

Mais il peut fort bien être un Parisien qui ne quittera jamais Paris, voire même un étranger

Le colon est celui qui se rend dans les colonies, y réside, y travaille, y vit … et y meurt parfois (en 1839, dans le village de Boufarik qui comptait 500 âmes, le choléra a tué 1 habitant sur 3)…

2) Tous les pieds-noirs n’étaient pas des colons … loin s’en faut

Il est faux de croire que tous les Européens étaient des colons : la population urbaine comprenait toutes les classes sociales 

A côté des colons, on trouvait toutes les catégories du corps social : pêcheurs, ouvriers (jardiniers, maçons, peintres), artisans et commerçants, fonctionnaires de tous grades, instituteurs, soldats de carrière ou du contingent …

De plus en plus afflueront bientôt vers les villes les petits colons ruinés ou les fils de ceux que la terre ne peut retenir …

Déjà, au 31 décembre 1853, on peut noter que, sur une population civile européenne de 133.192 individus dont 74.558 Français, la population agricole, c'est-à-dire « l'élément véritablement colonial » n'est que de 32.000 personnes dont sans doute un peu plus de la moitié françaises, soit 20%

Un siècle plus tard, au 1er novembre 1954, l’Algérie comptait 22.000 « colons » (sur une population européenne de 1 million), soit 2%

3) Toutes les terres n’ont pas été « volées » aux indigènes

Si des terres ont été volées, c'est surtout du fait de l'Etat : la concession gratuite laisse la place, en 1864, à la vente. On y revient cependant de 1871 à 1904 pour donner ensuite une place prépondérante à la vente …

Beaucoup de grands domaines sont fondés sur des vignobles entièrement créés par les colons au cours de plusieurs générations et sur des terres qui étaient autrefois couvertes de marais.

« La Mitidja a été intensément mise en valeur et assainie ; les marécages occupaient de vastes étendues. Caractérisée par une agriculture traditionnelle avec une faible occupation des sols et un élevage extensif, la Mitidja fut un cadre idéal au développement agricole (tabac, coton, céréales). A partir de 1880, la plaine s’est transformée rapidement en de vastes exploitations viticoles » : les colons ont créé, à partir de rien, environ 600 000 ha de terres cultivables.

4) Tous les colons ne sont pas de « gros colons »

Il existe bien entendu de très grands domaines et quelques immenses fortunes.

Les plus grandes sont la propriété de grandes sociétés disposant d'importants capitaux :

- la « Compagnie Algérienne » possédait 100 000 hectares de terres parmi les plus riches.

- créée à la demande de 2 Suisses, la «Compagnie Genevoise», obtint 2.000 hectares dans la région de Sétif avec l'obligation de fonder 10 villages de 50 feux. Elle s'adressa d'abord à l'immigration suisse et allemande … La compagnie remplit en partie ses engagements et, en 1870, on comptait 428 Européens sur ses terres. La Compagnie Genevoise finit par posséder 15 000 hectares dans les meilleures terres de la région de Sétif.

A titre individuel c'est sans doute un Polonais qui obtint la plus belle concession jamais octroyée en Algérie : Teofil Mirski, chevalier d'industrie connu sous le nom de prince Sviatopolk Pist de Mir, se fit attribuer en 1835, à l'est d'Alger, autour du Fort-de-l'Eau. un immense domaine dit de La Rassauta englobant 5 fermes et totalisant 4.300 hectares. Il parlait de faire venir 1.500 cultivateurs polonais : on y vit, en 1836. «300 Européens de toutes nations» et, dès 1838, c'était la banqueroute. En 1844 la concession passait au comte espagnol Manuel de Azzonis Antes Melgazz Del Valle … en 1846, un arrêté révoquait la concession, il appartiendra, à partir de 1849, à de modestes agriculteurs mahonnais de faire des terres entourant le village de Fort-de-l'Eau un modèle de culture maraîchère.

Borgeaud (Suisse naturalisé) possède, entre autres, 120 hectares de blé et 350 hectares de vignes

Blachette (d’origine ardéchoise) est « concessionnaire » exclusif de 690.000 hectares d’alfa (la « mer » d’alfa était constituée de terres vacantes qui n’avaient jamais été cultivées

Faure (d’origine drômoise) possède 6000 hectares de céréales et des mines

Duroux possède des vignes, des moulins

A noter que Schiaffino (Italien naturalisé) est parfois considéré comme un « gros colon » alors qu’il ne possédait pas de terres, mais était, à sa façon, « maître des mers » (armateur)

Plus modestes, 6 400 propriétaires européens possédaient des terres de plus de 100 hectares.

Cela peut paraître beaucoup, mais fin 1961, en métropole, « le seuil de rentabilité de l'exploitation d'un tracteur se situe, pour une ferme, à 45 hectares » : par rapport au climat, au relief, il en faut plus du double en Algérie pour être rentable

Mais à côté de ces plus ou moins grandes exploitations, les petits colons n’ont que 5 à 10 hectares.

Fin 1961, en métropole « 7 à 12 hectares, ce qui est le cas en majorité dans nos campagnes »

5) Enfin, même les gros colons ne sont pas forcément de mauvais ou méchants colons

Les grands colons aventureux venus « en gants glacés en en habits noirs », les de Vialar, les de Tonnac, les de Saint-Guilhem, les de Lapeyrière et bien d'autres d'origine bourgeoise, n'hésitent pas à s'installer seuls au milieu des Arabes avec lesquels ils établissent souvent de bons rapports et se lancent dans des entreprises agricoles presque toujours ruineuses …

C’est grâce à la générosité (du baron de Vialar) que l’ambulance (de Boufarik) disposa bien vite d’un personnel important composé d’un infirmier, d’une infirmière, d’un interprète et de 2 petits Arabes de 13 à 14 ans qui servaient d’aides au médecin pendant ses consultations comme le Gouverneur Général ne disposait pas de crédits pour l’ambulance de Boufarik, le baron de Vialar partit pour la France avec un appel à la charité publique rédigé de sa main les dons en argent affluèrent …

Plus tard, le domaine Borgeaud fera vivre 89 familles européennes et 163 familles musulmanes + 500 saisonniers (100 millions de salaires en 1953) qui bénéficient tous du logement gratuit, ainsi que l’électricité et le bois de chauffage.

Chaque ouvrier peut jardiner un bout de terre et y construire un abri, distribution gratuite de lait et des produits de la ferme dont 45 litres de vin par mois pour les Européens (l'équivalent en argent pour les musulmans), entretien de l'école primaire située sur le domaine avec ramassage scolaire, dispensaire avec infirmière et visite médicale une fois par semaine, pharmacie et soins gratuits ; à chaque rentrée scolaire, Mme Borgeaud habillait de pied en cape chaque écolier, qu'il soit chrétien ou musulman et le domaine fournissait livres, cahiers, etc.

Pour conclure, on peut dire que

« Maintenir la France en Algérie ce n’est pas, comme certains veulent le faire croire, défendre les intérêts de grand capitalisme. Le grand capitalisme a pris ses précautions Ceux qui subiront les coups, ceux qui éprouveront les misères et les désastres ce seront les petits, les humbles, ceux qui n’ont pas de capitaux, ceux qui n’ont pas de réserves, ceux qui n’ont pas le moyen de s’assurer une retraite au-delà des mers. » in l’Algérie trahie par l’argent de E. Beau de Loménie (septembre 1957)

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Commentaires
D
bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Comment se mettre en relation avec des descendants de la famille Borgeaud? Merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> <br /> <br /> Daniel Künzi
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