OAS dernière solution 3ème partie
Après les textes de loi, la lecture du compte-rendu sténographique du procès du général Salan (15 au 23 mai 1962) est instructive à plus d’un titre :
Audience du 17 mai 1962 Déposition du général d’armée Jean-Etienne Valluy (1899-1970 Grand-Croix de la Légion d’Honneur 13 citations Président de la Saint-Cyrienne de 1961 à 1965) :
« S’ils tuent … c’est que tout de même on a commencé par les tuer. »
Audience du 18 mai 1962 Déposition du général de corps d’armée (ancien commandant du corps d’armée d’Oran) de Pouilly :
« J’ai choisi une direction tout à fait différente de celle du général Salan ; j’ai choisi la discipline ; mais choisissant la discipline j’ai également choisi de partager avec mes concitoyens et la nation française la honte d’un abandon … L’histoire dira peut-être que leur crime est peut-être moins grave que le nôtre. »
M. le premier avocat général Gavalda (accusation) :
« … humainement je suis d’accord avec vous. »
Audience du 19 mai 1962 Déposition de M. Marc-Jean Lauriol, conseiller juridique, député (Unité de la République) d’Alger (né à Alger le 18 août 1916) :
« L’O.A.S. est donc née de la population algérienne. Elle a été une cristallisation, un essai … de mise en forme, de cette réaction profonde, de cette réaction terrienne, de cette réaction de l’homme attaché à sa terre et attaché à son drapeau en même temps … cet attachement … cela faisait l’originalité de cette force algérienne, -d’où cette façon explosive de réagir … dont l’O.A.S. a été en quelque sorte le premier éclat …
La population a préexisté à l’O.A.S. ; la population est au-delà de l’O.A.S. … Cette O.A.S. est tellement diluée dans la population que, pour lutter contre elle, c’est contre la population qu’on lutte. »
Jean-Jacques Servan-Schreiber a écrit dans un article de l’Express :
« Il n’y a plus d’O.A.S., il y a une population. On décapite une organisation, on ne décapite pas une population ! »
Audience du 21 mai 1962 Déposition de M. Edmée Canat, député (Unité de la République) de Constantine (né à Constantine le 11 décembre 1896) :
« C’est une population (la population européenne et la population musulmane) qui souffre depuis plus de sept ans … On l’a acculée à la révolte et ce qu’on appelle l’O.A.S. c’est toute une population qui se dresse contre l’ennemi commun, contre l’ennemi de la France, le F.L.N. … »
Audience du 21 mai 1962 Déposition de M. Dominique-Marie Renucci, général de division du cadre de réserve, député (Unité de la République) de Batna (né le 31 mars 1897 à Lambèse) : « L’O.A.S. c’est nous tous dans un sursaut de révolte et peut-être de terreur, aussi. »
Audience du 21 mai 1962 Déposition du colonel Roger Trinquier, colonel du cadre de réserve (né en 1908, Commandeur de la Légion d’Honneur 14 citations) :
« Qu’est-ce que l’O.A.S. dont on parle ? … La révolte est née de la population … L’O.A.S. n’est donc pas une organisation qui s’est faite, c’est un peuple qui se défend. »
Audience du 21 mai 1962 Déposition de Maître Jean-Marc Kalflèche, avocat à la Cour d’Alger :
« Qu’est-ce que l’O.A.S. ? … initiales par lesquelles on désigne ce que nous appelons, nous, la résistance algérienne … l’O.A.S. ne nous apparaît pas comme quelque chose qui a animé la résistance algérienne dans ses dernières formes, mais qu’elle en est née …
… la résistance … des Européens et des Musulmans qui, en Algérie, voulaient demeurer Français …
… il y a un peu plus d’un million d’Européens en Algérie et, si l’on compte ceux des Musulmans qui nous étaient demeurés fidèles, on peut en mettre un peu plus d’un million aussi … l’O.A.S., c’était tout cela. »
Audience du 23 mai 1962 Plaidoirie de Maître Georges Goutermanoff :
« … les gens de Bab-el-Oued, qui sont le plus ferme soutien de ce que l’on appelle l’O.A.S., ces gens de Belcourt qui constituent la piétaille de cette organisation, ces gens-là, par tradition, dans le temps, votaient communiste ou socialiste … Ces gens-là, avant la guerre de 1939, constituaient des quartiers qui étaient considérés en Algérie comme des quartiers rouges … »
... à suivre ...