poème PN
Qu’il vienne d’Alsace ou de Lorraine
Du Languedoc ou des Cévennes
De Bretagne ou bien d’Aquitaine,
De Procida ou de Jaen
De Murcia ou de Carthagène
Qu’il vienne de Malte ou bien d’Athènes
Ses ancêtres de Naples ou de Gènes
Mère espagnole ou italienne
Madrilène ou bien sicilienne.
Du pays agrandit le domaine
De la Mitidja sèche la plaine
Moins de palu et plus d’hygiène
Construit des viaducs, des fontaines.
Confiant en un énergumène
Qui, fleurant là la belle aubaine
Par le biais d’une bonne mise en scène
Lui conta moult et moult fredaines
Sornettes et calembredaines
Qui te l’endort te le promène
Comme le chant des sirènes
Du pouvoir qui saisit les rênes
Bientôt qui change de rengaine
Et alors sans aucune gène
Qui jette de manière obscène
Serment bon pour les vespasiennes.
Entre métro et indigènes
Entre le ciné et l’arène
Entre un péplum et un western
Sentant parfois la mort prochaine
La tempête sur lui se déchaîne.
Dans une guérilla urbaine
Sous les balles, court comme un garenne
Il court et court à perdre haleine
Avant que la vie on lui prenne
Les heures les minutes il égrène.
Bab-el-Oued en quarantaine
Pas le droit d’ouvrir ses persiennes.
Il ne trouva aucun mécène
Pas de bonne fée pour marraine
Il n’eut qu’une valise pour étrennes
Serrée contre lui qu’il emmène
Et ni meubles ni porcelaine,
Il n’a même pas un bas de laine.
Contre barbouzes et FLN
Qui rôdent pareils à des hyènes
Des colonels, des capitaines
Militaires et civils dégainent
Comme de beaux diables ils se démènent
Finissent au bagne comme à Cayenne
Avec parfois aux pieds des chaînes.
Ainsi la nation algérienne
Pour Ferhat Abbas l’Arlésienne
Est née de cette césarienne.
Exilé à Marseille ou Rennes
De l’opinion souveraine
Il guette une bouffée d’oxygène
Mais doit subir la gangrène
Des insultes qu’on lui assène.
D’Alger, d’Oran ou de Tlemcen
Qu’il oublie ou bien s’en souvienne
Il a du sang chaud dans les veines
Il vit dans la joie dans la peine
Il vit entre la paix la haine
C’est pourtant pas une mauvaise graine
Moitié roseau et moitié chêne
Mais il veut juste qu’on le comprenne.
Le PN