Benjamin STORA 7

Voici la septième partie de mon étude sur l'ouvrage de Benjamin STORA 

 IX / L’Algérie en 1954, situation économique et sociale

1. « Société castée » dans l’espace urbain

P. 102 : « … l’Algérie coloniale, où la croissance urbaine trouve essentiellement son origine dans la destruction du monde paysan. »

Mais n’en est-il pas de même en métropole ?

P. 102 toujours, B. Stora parle de « société castée »

L’Algérie n’est pas l’Inde ou l’Afrique du Sud de l’apartheid !

Faut-il lui rappeler la situation des Etats-Unis d’Amérique ?

La citoyenneté américaine est accordée aux Amérindiens en … 1924 seulement, soit 140 ans après la naissance des Etats-Unis d’Amérique (1783) et 300 ans après l’arrivée des premiers colons (les pilgrim fathers du Mayflower en 1620) !

A l'armistice de novembre 1918, le corps expéditionnaire américain compte 2 millions d'hommes,  dont 200 000 Noirs regroupés au sein d'une unité spéciale, la 92^ème division d'infanterie US, en raison de la ségrégation, alors qu’en 1837, à la prise de Constantine, l’armée française compte déjà des officiers indigènes : le lieutenant Bou-Krauïa et le sous-lieutenant Brahim …

P. 103 : « … la Casbah … 70 000 habitants … battant les records mondiaux de densité humaine. »

Sauf erreur, 15 à 20 ans après l’indépendance, rien n’avait changé …

P. 104 B. Stora parle d’une « immense armée constituée par les expropriés algériens de la terre » …

« En 1954, on trouve : … 141 300 manœuvres algériens … 47 400 domestiques algériens … 200 000 chômeurs, sans compter les « demi-chômeurs » des bidonvilles. » (soit plus ou moins 400 000 hommes) auxquels on peut ajouter « 731 000 paysans venant dans les villes » !

Il est étonnant, dans ces conditions, que l’autre armée, l’ALN, n’ait compté le 1^er novembre 1954 qu’un millier d’hommes, et à peine 60 000 hommes à son apogée en 1958, alors qu’elle aurait dû en compter au moins 10 fois plus !

La preuve, s’il en fallait, que la majorité des Algériens ne soutenait pas forcément cette guerre d’indépendance !

2. L’éducation et la formation

« Un enfant algérien sur dix va en classe (en fait un garçon sur cinq, et une fillette sur seize) »

B. Stora touche un des nœuds du problème : la culture algérienne et la condition de la femme dans cette culture.

D’autre part, B. Stora cite des chiffres de 1945 puis 1954 : il omet d’évoquer le plan de Constantine de 1955 qui prévoyait, sur 10 ans, la scolarisation de la majorité des enfants musulmans !

3. La santé publique

B. Stora reconnaît que « la mortalité infantile diminue : de 205 pour 10 000 en 1906, elle tombe à 130 pour 10 000 en 1954 (120 en métropole) » et « le taux de mortalité tombe de 20 pour 1000 à 11 pour 1000 et la population algérienne double en cinquante ans. »

On est bien loin des clichés selon lesquels la présence française a causé l’extermination de plusieurs centaines de milliers (1 million selon certains) d’Algériens !

A suivre pour la dernière partie