Benjamin STORA 3
Troisième partie de mon étude sur l'ouvrage de Benjamin Stora
III / Minorités françaises et population musulmane
1 « Pieds-noirs » : une grande diversité de provenance
B. Stora leur consacre 5 pages … et pas un seul ouvrage ultérieurement
P. 31 « Ces premiers Français d’Algérie … vont acquérir une mentalité de petits propriétaires terriens. »
Quelle mentalité ?
Cette réflexion devrait faire plaisir aux descendants de petits propriétaires terriens, de métropole ou d’ailleurs !
Ensuite, on l’a vu plus haut, les colons ne représentent même pas le quart de la population française !
B. Stora le reconnaît un peu plus loin, mais uniquement pour Espagnols, Italiens et Maltais
P. 32 « En Algérie, ces émigrants reprennent leur activité d’origine. Maraîchers et journaliers espagnols … en Oranie ; maçons italiens dans l’Est ; Maltais chevriers, boutiquiers … »
P. 32 « A partir de 1840 … les colons « officiels » obtiennent des conditions avantageuses (concession d’une maison d’une valeur moyenne de 5000 francs, 12 hectares cultivables dont une partie à défricher) »
Rappelons que la maison de colonisation ne consistait souvent qu’en quatre planches que recouvrait une toile de tente plus ou moins imperméable !
Rappelons qu’entre 1841 et 1849, dans la région de Sétif, par exemple, dans certains lots (concessions), on verra, dans des maisons de 3 pièces (quel luxe !), s’entasser 11, 15, 17, et même 19 personnes ! (soit 4 à 6 personnes par pièce) !
Rappelons aussi qu’à partir de 1866, les hommes originaires de Procida vivaient dans leur bateau de pêche.
Rappelons enfin qu’un grand nombre de pieds-noirs a construit sa maison de ses mains !
P. 33 « Selon l’historien Charles-Robert Ageron (directeur de thèse de B. Stora), en 1930, le quart des propriétaires ruraux européens (en fait 6400 d’entre eux) disposent d’exploitations supérieures à cent hectares. »
Cela peut paraître beaucoup … pour ceux qui ne connaissent pas le monde agricole, mais fin 1961, en métropole, « le seuil de rentabilité de l’exploitation d’un tracteur se situe, pour une ferme, à 45 hectares » : selon les spécialistes, par rapport au climat, au relief, il en faut plus du double en Algérie pour être rentable !
Mais à côté de ces plus ou moins grandes exploitations, 3 colons sur 4 n’ont que 5 à 10 hectares.
Fin 1961, en métropole, on relève « 7 à 12 hectares, ce qui est le cas en majorité dans nos campagnes »
P. 33 B. Stora cite un gros colon, Duroux : il aurait eu du mal à en citer plus d’une douzaine !
(Averseng, Blachette, Borgeaud, Duroux, Faure, Ronchaud, Schiaffino …)
Et, pour se donner bonne conscience peut-être, un seul contre-exemple en la personne d’Albert Camus …
3 Juifs d’Algérie
B. Stora, pourtant issu de cette communauté, ne leur consacre que 4 pages ; il écrira Juifs d’Algérie en … 2006
P. 35 « … la mythique Kahina … morte les armes à la main à la fin du Vème siècle … »
Bon admettons qu’il s’agisse là d’une coquille car la Kahina est morte à la fin du … VIIème siècle
P. 37 « Le décret Crémieux … naturalise en bloc les juifs algériens. »
On l’a vu plus haut, les indigènes musulmans auraient pu tout aussi bien l’être.
4 Les Algériens musulmans
P. 39 « La population musulmane, estimée à 3 millions, stagne entre 1830 et 1860 … »
Le 1er novembre 2013, Abdelmadjid Chikhi, choisi en juillet 2020 par le président algérien Tebboune pour être l’homologue de B. Stora dans la commission mémorielle, a précisé qu’entre 1830 et 1860, les armées françaises ont tué pas moins de 7 millions d’Algériens des 10 millions existant à cette période !
B. Stora a-t-il rétabli la vérité ?
A suivre