Organisation de la Résistance de l’Algérie Française ORAF 1956
Parfois dénommée Organisation de la Résistance de l’Afrique Française ou encore Organisation pour le Renouveau de l’Algérie Française
Après la manifestation du 6 février 1956, l’UFNA de Martel est dissoute …
Face à la répression du ministre-résident Lacoste, plusieurs groupes clandestins se forment.
Les militants se divisent entre ceux qui rejoignent l’ORAF … et ceux comme Crespin, adjoint de Martel, qui créent le CRF (Comité de la Résistance Française).
L’ORAF est fondée en juillet 1956 par le docteur René Kovacs, né en 1924, ancien champion de natation d’origine hongroise, ancien combattant de Tunisie et d’Italie, en 1945 il travaille à la DGER, médecin pied-noir d’Alger.
Elle rassemble les agents « contre-terroristes » des Unités Territoriales (octobre 1955) …
Philippe Castille, né en 1925, second de Kovacs, l'un des premiers contre-terroristes, ancien résistant de la IIème Guerre Mondiale, représentant chez Renault (dont le gérant Paul Virvaire est membre de l’ORAF), lieutenant de réserve du 11ème Choc, le Service Action du SDECE, est membre de l’ORAF puis plus tard de l'OAS … il resta le dernier dans l’escalier de l’immeuble afin de mettre le contact au bazooka contre le général Raoul Salan.
Il déclare que les attentats de l'ORAF avaient lieu le samedi, parce que le reste de la semaine les agents travaillaient et n'étaient donc pas disponibles pour les opérations anti-FLN …
Toujours selon Philippe Castille, l'ORAF dispose :
1) d'une branche civile et parlementaire, le « comité des six » (ou des dix)
- dirigée par Michel Debré, sénateur d’Indre-et-Loire (il fonde en 1957 le Courrier de la colère qui défend l’Algérie française), futur ministre de la Justice (1er juin 1958)
- Pascal Arrighi, député de Corse
- Valéry Giscard d’Estaing, député du Puy-de-Dôme
Il vient de se mettre en disponibilité de son poste de directeur adjoint au cabinet du président du Conseil Edgar Faure et nommé membre de la délégation française à la XIème session de l’assemblée générale des Nations Unies
- le représentant d’une dynastie qui a régné sur la France (Henri d’Orléans, comte de Paris ?)
Rappelons que le 10 décembre 1942, le comte de Paris (prétendant au trône de France depuis 1940) était à Alger, multipliant les contacts avec les notables locaux : Henri d’Astier de la Vigerie aurait alors voulu que le comte de Paris prenne le pouvoir à la place de l’amiral Darlan …
2) d'une branche militaire
- dirigée par le général René Cogny, un des responsables de l’ORA en 1943, célèbre pour avoir participé à distance à la bataille de Dien Bien Phu en 1954, résident au Maroc du 3 juillet 1956 au 29 mars 1958
Sont aussi membres de l’ORAF :
- le docteur Jean-Claude Perez (UFNA de Martel, futur cadre de l’OAS),
- André Achiary, né à Tarbes en 1909, commissaire de la DST, sous-préfet de Guelma durant les massacres du Constantinois en mai 1945 et attaché au cabinet de Jacques Soustelle (Gouverneur Général) …
- Joseph Ortiz (PN né en 1917), patron du café Le Forum à Alger (mais aussi, par sa femme, copropriétaire du seul hôtel de Tizi-Ouzou où il voit beaucoup le général Faure), responsable poujadiste (UDCA) dans les années 50 : il rejoint naturellement l’ORAF
- le restaurateur Roger Goutallier (patron du Relais, représentant lui aussi de l’UDCA de Poujade, mais aussi président de la commission Union Française).
- Michel Fechoz, né en 1929, représentant en automobiles … c’est lui qui a repéré les bureaux du général Raoul Salan à la jumelle.
« … l’ORAF était une première mouture de l’OAS … organisations soit de défense, soit de représailles … de contre-terrorisme. » dixit François Mitterrand au procès du général Raoul Salan.
Le 24 mai 1956, l’ORAF jette une grenade contre une épicerie musulmane.
Le 29 juillet 1956, un commando FLN sous les ordres de Boudhries mitraille des civils à Bab-el-Oued, faisant 1 mort et 3 blessés …
Le 10 août 1956, en représailles, l'ORAF commet un attentat à la bombe contre le bain maure rue de Thèbes, dans la Casbah d'Alger, établissement appartenant à … Boudhries.
Bilan de l’attentat de la rue de Thèbes : 10 morts pour les autorités d’Alger, 15 morts dont 9 enfants selon Jacques Delarue, 60 morts pour Rémi Kauffer, 70 morts pour les dirigeants de la Casbah …
Le 9 novembre 1956, l’ORAF pose une bombe à l’imprimerie générale.
Au total, 17 attentats sont attribués à l’ORAF.
Fin 1956, début 1957, lorsqu’il est question de tuer le général Raoul Salan, le CRF lâche l’ORAF …
Le 16 janvier 1957, attentat au bazooka contre le général Raoul Salan, soupçonné de vouloir brader l’Algérie : son aide de camp, le commandant Robert Rodier, est tué.
Commandant Robert RODIER
Le 29 janvier 1957, la presse signale l’arrestation (suite à l’attentat du 16) de plusieurs suspects : Ange Salicetti (à ne pas confondre avec le truand corse surnommé « le Séminariste » abattu en décembre 1950), René Keveau, Pierre Troncy, Joseph Ortiz, Sens, Mme Kovacs, Scire, Calle, Gabriel Dellamonica (né en 1925, sapeur-pompier à Alger), Lauratour, Rizza, Watin -dit « la Boïteuse », ex UFNA-) … tous membres de l’ORAF.
Procès-Verbal du 1er février 1957 du docteur René KOVACS