les chemins de fer en Algérie française nouvelle version
Le 28 février 2010, j’avais publié un premier article intitulé les chemins de fer en Algérie française
Voici une nouvelle version avec un texte 50% inédit (notamment des « chemins de féerie » de Jean Vignaud) et des photos tirées de la vie du rail n°375 du 1er décembre 1952
L'histoire des chemins de fer d'Algérie commence le 8 avril 1857, avec un décret du gouvernement français qui autorise la construction de 1 357 km de chemins de fer dans la colonie d'Algérie.
Hasard ou coïncidence, c’est le 3 juin 1857 que la route de Sik-el-Meddour au fort Napoléon a été commencée et le 14 juin 1857 qu’a été posée la première pierre du fort Napoléon à Souk-el-Arba.
Le premier chantier, démarré le 12 décembre 1859, porte sur la construction de la ligne Alger-Blida dans la Mitidja
Les travaux de construction sont également entrepris pour relier Oran à Saint-Denis du Sig ainsi qu'une liaison avec le port de Philippeville et avec Constantine, mais les problèmes financiers poussent la compagnie à en interrompre les travaux et à développer la ligne d'Alger, qui sera ouverte le 8 septembre 1862.
L'objectif des 1 357 km est atteint et même dépassé, avec des tronçons construits représentant 1365 km de voie et touchant presque toutes les villes importantes d'Algérie.
En 1876 roulent des trains de nuit.
Le 18 juillet 1879 une nouvelle campagne d'investissement est lancée à l'échelon national pour renforcer les lignes "d'intérêt général" avec comme objectif d'ajouter 1747 km au réseau existant. La construction de ces lignes dites "d'intérêt local" est laissée à la charge des investisseurs privés et des collectivités locales.
Dans les 30 ans qui suivirent, 2 035 km de lignes de chemin de fer vont s'ajouter au réseau, constituant l'armature du futur réseau ferroviaire algérien.
Entre 1907 et 1946 une 3ème campagne d'investissement ajoute 1 614 km au réseau.
Au début de l'année 1925 on comptait 4724 km de chemins de fer auxquels il faut ajouter 127 km de tramways
En 1941 le Transsaharien relie l’Afrique noire à la Méditerranée.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale le réseau ferroviaire algérien s'étend sur plus de 5 000 km.
Les chemins de fer algériens constituent la pièce maîtresse de l’équipement du pays.
Malheureusement, les lignes construites … affectent un tracé et des déclivités inconnues en Europe sur les grandes artères.
Il existe 4 écartements différents de voie : voie normale, 1m05, 1 mètre, 0.60 m.
La grande rocade Oujda-Oran-Alger-Constantine-Ghardimaou, longue de 1400 km, est à voie normale, mais connaît de nombreuses et longues rampes atteignant 20 à 30 m/m par mètre. La traction à vapeur, malgré la mise en ligne de machines puissantes telles les « Garatt », monstres articulés de 172 tonnes, n’avait jamais permis de réaliser une exploitation vraiment satisfaisante.
Au cours des dernières années, le réseau s’est entièrement modernisé grâce surtout à l’emploi systématique de la traction diesel. Les voies ont été renforcées, la signalisation transformée, la vitesse et le confort des trains considérablement améliorés.
Ces progrès faisaient il y a quelques années l’étonnement des cent présidents des Chambres de commerce françaises et de l’union Française, invités à visiter l’Algérie. Le président de la délégation affirmait, au cours d’un discours à Alger, que les Chemins de fer algériens constituaient à ses yeux le « couronnement » de l’œuvre française en Algérie.
Dans ce pays, les distances sont grandes : d’un département à l’autre, on compte 500 km. Les rames « Inox » comprenant 6 voitures allégées, tractées par une motrice diesel, grimpent allégrement les flancs du Zaccar et relient Alger à Oran, 420 km en moins de 5 heures.
D’Alger à Casablanca, la distance est plus longue que celle de Paris à Berlin. Depuis le mois de mai (1952), le trajet en chemin de fer ne demande plus qu’une nuit et demie. Il fallait 25 heures avant guerre.
Même les lignes de pénétration vers le sud, à voie étroite, sont parcourues aujourd’hui par de confortables rames diesel, équipées de bar et de couchettes.
Elles circulent à la satisfaction des touristes entre Oran et Colomb-Béchar (750 km) et entre Biskra et Touggourt. Cette oasis est ainsi à moins de 7 heures de Constantine (450 km).
L’effort patient soutenu par les cheminots d’Algérie, dans des conditions matérielles parfois très dures, est de ceux que l’on peut citer en exemple.
En 1952, on évalue à près d’un milliard de francs les recettes procurées à la S. N. C. F. par les Algériens à l’occasion de leurs déplacements en France.
« La progression de l’activité minière, enregistrée au cours des dernières années, entraîne la construction dans la région de Bône d’une voie ferrée de 200 km entre ce port et Tebessa. » in Pied-Noir mon frère de Jean Loiseau (1963)
Le 30 juin 1959 l'État français et l'OCFA signent une convention créant la Compagnie des Chemins de Fer Français en Algérie (CCFA) …
… qui devient en 1963 la SNCFA (Société Nationale des Chemins de Fer Algériens)
Pour Daniel Junqa, in le Monde du 29 janvier 1982 : « l'état déplorable dans lequel se trouve le réseau ferré (pas 1 km nouveau de ligne n'a été construit depuis l'indépendance, soit 20 ans) ainsi que la vétusté d'une partie du matériel roulant expliquent sans doute pour une bonne part l'accident. » (du 27 janvier qui a fait 130 morts et 150 blessés)
Dans les années 1990, le réseau ferroviaire algérien ne mesure que 3572 km, soit 30% de moins qu'en 1945 et à peine autant qu'au début du XXème siècle !