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Manifestation PN Harkis 2012
2 novembre 2012

les sauterelles d'Alphonse Daudet 2ème partie

… un nuage venant de l’horizon, cuivré, compact, comme un nuage de grêle, avec le bruit d’un vent d’orage dans les mille rameaux d’une forêt. C’étaient les sauterelles. Soutenues entre elles par leurs ailes sèches étendues, elles volaient en masse … le nuage s’avançait toujours, projetant dans la plaine une ombre immense. … sur les bords on vit pendant une seconde un effrangement, une déchirure. Comme les premiers grains d’une giboulée, quelques-unes se détachèrent, distinctes, roussâtres ; ensuite la nuée creva, et cette grêle d’insectes tomba drue et bruyante. A perte de vue les champs étaient couverts de criquets, de criquets énormes, gros comme le doigt.

Alors le massacre commença. Hideux murmure d’écrasement, de paille broyée. Avec les herses, les pioches, les charrues, on remuait ce sol mouvant, et plus on en tuait, plus il y en avait. Elles grouillaient par couches, leurs hautes pattes enchevêtrées ; celles du dessus faisant des bonds de détresse, sautant au nez des chevaux attelés pour cet étrange labour.

Les chiens de la ferme, ceux du douar, lancés à travers champs, se ruaient sur elles, les broyaient avec fureur. A ce moment, deux compagnies de turcos, clairons en tête, arrivèrent au secours des malheureux colons …

Au lieu d’écraser les sauterelles, les soldats les flambaient en répandant de longues tracées de poudre.

Elles étaient entrées par les ouvertures des portes, des fenêtres, la baie des cheminées. Au bord des boiseries, dans les rideaux déjà tout mangés, elles se traînaient, tombaient, volaient, grimpaient aux murs blancs avec une ombre gigantesque qui doublaient leur laideur. … A dîner, il fallut se passer d’eau. Les citernes, les bassins, les puits, les viviers, tout était infecté.

… les sauterelles parties ; quelle ruine elles avaient laissées derrière elles ! Plus une fleur, plus un brin d’herbe ; tout était noir, rongé, calciné. Les bananiers, les abricotiers, les pêchers, les mandariniers se reconnaissaient seulement à l’allure de leurs branches dépouillées …

Partout des laboureurs creusaient la terre pour tuer les œufs laissés par les insectes.

 

Les sauterelles montèrent sur le pays d'Égypte, et se posèrent dans toute l'étendue de l'Égypte; elles étaient en si grande quantité qu'il n'y avait jamais eu et qu'il n'y aura jamais rien de semblable.

Elles couvrirent la surface de toute la terre, et la terre fut dans l'obscurité; elles dévorèrent toute l'herbe de la terre et tout le fruit des arbres, tout ce que la grêle avait laissé; et il ne resta aucune verdure aux arbres ni à l'herbe des champs, dans tout le pays d'Égypte.

La Bible Exode 10-14 et 10-15

En juillet 1843, les sauterelles dévastent Orléansville.

Le 3 août 1866, une grande sécheresse provoque une famine, aggravée par une invasion de sauterelles.

C'est en 1885, dans le courant du mois de mars, que les premiers vols de sauterelles se sont abattus sur le Tell algérien. Les territoires des cercles d'Aumale, de Bou-Saada, de Boghar, de Chellala et de Laghouat ont d'abord été envahis. Deux mois après, poussées par le sirocco, des bandes nombreuses venaient couvrir différentes communes du sud du département de Constantine. Au printemps de l'année suivante, les premières éclosions se produisaient. Bien que sérieux, le mal, cette année-là, ne fut pas très considérable.

Mais en 1887, l'invasion des criquets, aidée de nouveaux vols de sauterelles venant du sud, causait, dans le même département de Constantine, un véritable désastre. Les pertes de récoltes s'élevaient à plusieurs millions.

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