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Manifestation PN Harkis 2012
4 septembre 2010

Port Vendres : la fin d'une époque

extrait de "Le roman vrai de la Ve République de Gilbert Guilleminault (1980)

""Pour Port-Vendres, l’arrivée, massive et désordonnée, des pieds-noirs, malgré l’impulsion momentanée qu’elle donne au commerce local, va signifier la ruine prochaine.

Ce port, né avec l’Algérie des Français, allait mourir avec elle. Lucides, conscients des réalités, des hommes comme Max F…, commissaire du port, l’explique : « Le trafic maritime, c’est la vie d’un port, son sang, son oxygène ; l’arrivée des rapatriés n’a été pour le commerce qu’une prospérité factice et temporaire. D’autant plus que leur majorité relevait du secours social. Notre position est très spéciale et ne peut, en rien, être comparée à celle de ports comme Sète ou Marseille. Avant la conquête, Port-Vendres n’était qu’un petit port de pêche ; sa transformation, il l’a due au corps expéditionnaire qui partait d’ici ; puis au développement de l’Oranie. La Compagnie maritime était notre richesse. Le trafic des vins, agrumes, céréales, primeurs, nécessitait l’emploi à plein temps de 17 transitaires (ils ne seront plus que 2 en 1972). Le trafic passagers était aussi important pour notre port. Un bateau, c’est quelque chose qui rapporte de l’argent à tous. Un paquebot de 120 membres d’équipage faisait vivre une centaine de familles à Port-Vendres. Quand les colons débarquaient pour venir passer leurs vacances dans la Métropole, ils restaient toujours, à l’aller et au retour, 24 heures sur place, ils dépensaient … »

Cette vision d’opulence disparaît, engloutie par le déferlement misérable des rapatriés qu’il faut secourir : une moyenne de 3200 personnes par jour. En 90 jours environ, 460 000 personnes vont avoir été aidées, puis dispersées. Les trains sont formés sur le quai maritime, de là ils remontent tous sur le Centre ou l’Ile-de-France …

Pour cet afflux de gens sans toit, le maire, M. Comte, a fait dresser des tentes, empruntées à l’armée, sur le terrain de camping. Elles resteront en place plus d’une année, et ces gens habitués à la chaleur, dans l’hiver particulièrement rigoureux, grelotteront, pataugeront dans la boue glacée et la neige. Il fera monter des baraques Basser et, dès septembre, édifier en catastrophes des immeubles en préfabriqué destinés à ceux qui auront trouvé du travail dans la région. Quelques 18 ans après, précaires, ils abritent toujours des familles de pieds-noirs.

Une action importante pour une municipalité dont les moyens demeuraient modestes.""

On peut lire dans Paris Match n°762 du 16 novembre 1963 : "Aujourd'hui, un quart de la population du petit port (Port Vendres) est pied noir."

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