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Manifestation PN Harkis 2012
14 mars 2010

la nation Pied-Noire

Heinrich Graetz, historien du peuple juif, écrivit vers 1853 (mes commentaires en italique) :


"Qu'est-ce qui peut donner à un groupe humain le droit de constituer une nation ?


Ce n'est pas l'origine raciale, car on voit parfois divers types de races (synonyme de peuples en 1850) se fondre pour former un seul peuple.

En Algérie après 1830 on trouve des Français (Parisiens ou Corses), des Italiens, des Espagnols, des Maltais, des Prussiens, des Suisses …


La langue ne constitue pas non plus forcément le dénominateur commun, voyez la Suisse.

Et l'Algérie française, qui développa pourtant un langage commun et original : le pataouète, mélange de français, d'italien, d'espagnol, d'arabe …


Même un territoire unique n'est pas une raison suffisante pour former une nation.

Hier, les Pieds-Noirs étaient répartis en Algérie, Tunisie, Maroc … et aujourd'hui si la majorité des Pieds-Noirs a élu domicile en France, il y en a aussi en Espagne, en Argentine, au Canada …


Les souvenirs historiques rassemblent-ils un peuple ? Jusqu'à l'époque moderne (1850), les peuples n'ont pas participé à l'histoire politique et sont toujours restés les spectateurs indifférents des hauts faits des dirigeants …

Avec la révolution de 1848, qui a envoyé ses convois de "révolutionnaires" -surtout Parisiens- en Algérie, la guerre de 1870, qui a vu des Alsaciens les rejoindre … les peuples ont participé à l'histoire … puis, en un siècle, ils sont redevenus spectateurs, mais non pas indifférents cette fois, des "évènements", à l'exception d'une minorité agissante de "résistants" (OAS) et de "collabos" (porteurs de valises du FLN)


Le mystère entoure l'existence des nations, et il est difficile d'y trouver une explication unique." 


Ernest Renan, dans sa conférence du 11 mars 1882 à la Sorbonne sur la nation, énumère ses composantes :

- la race

- la langue

La langue invite à se réunir ; elle n'y force pas.

Les États-Unis et l'Angleterre, l'Amérique espagnole et l'Espagne parlent la même langue et ne forment pas une seule nation. Au contraire, la Suisse … compte 3 ou 4 langues.

Il y a dans l'homme quelque chose de supérieur à la langue : c'est la volonté …

Un fait honorable pour la France, c'est qu'elle n'a jamais cherché à obtenir l'unité de la langue par des mesures de coercition …

- la religion

- la communauté des intérêts est assurément un lien puissant entre les hommes

Les intérêts, cependant, suffisent-ils à faire une nation ? Je ne le crois pas.

La communauté des intérêts fait les traités de commerce.

Il y a dans la nationalité un côté de sentiment ; elle est âme et corps à la fois …

- la géographie

Non, ce n'est pas la terre plus que la race qui fait une nation.

La terre fournit le substratum, le champ de la lutte et du travail ; l'homme fournit l'âme.

L'homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu'on appelle un peuple.

Rien de matériel n'y suffit.

Une nation est une âme, un principe spirituel, résultant des complications profondes de l'histoire, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol.

Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel.

L'une est dans le passé, l'autre dans le présent.

L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis …

La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements.

Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes.

Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale.

Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple.

On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts.

On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet …

Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l'avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques …

«avoir souffert ensemble» ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie.

En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun.

Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore.

Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune.

L'existence d'une nation est … un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie …

Nous avons chassé de la politique les abstractions métaphysiques et théologiques. Que reste-t-il, après cela ? Il reste l'homme, ses désirs, ses besoins …

En résumé, l'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes.

Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation.

Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister …

Simon Doubnov, vers 1900, reprend la théorie de Graetz (1853) :


"Ni la race, ni la langue, ni le territoire ne sont les facteurs déterminants de la représentation de la nation dans l'histoire. Les nations se caractérisent par le fait qu'elles sont porteuses d'une longue culture … , reproduite et transmise de génération en génération."


Qu'est-ce qui définit une culture ?

La définition que donne l'UNESCO de la culture est la suivante ((Une définition est un discours qui dit ce qu'est une chose ou ce que signifie un nom. D'où la division entre les...)Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 août 1982)

«La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des (En théorie des ensembles, un ensemble, désigne intuitivement une collection d’objets (que l'on appelle éléments...) traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »

La langue, les costumes, les coutumes, la cuisine, les chants, l'humour … composent une culture.

Un Pied-Noir, qu'il soit originaire de n'importe quel endroit de l'Algérie (voire de la Tunisie ou du Maroc), qu'il soit "exilé" n'importe où en France (voire même à l'étranger) a plus de points communs avec un autre Pied-Noir qu'avec un "autochtone" …

Il faut donc que nous (re)prenions conscience, si ce n'est déjà fait, puis que nous fassions prendre conscience à nos familles et nos amis Pieds-Noirs, que, de par notre langage (accent, expressions), nos coutumes, notre cuisine, nos chants, notre humour, mais aussi notre histoire, nous constituons une véritable nation Pied-Noire.

Il faut pour cela une véritable volonté.

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Commentaires
A
.... à l'exception d'une minorité agissante de "résistants" (OAS) et de "collabos" (porteurs de valises du FLN)".<br /> <br /> 1/ A côté de ceux-la , il n'y a pas eu de Français de souche dans le FLN ? +/- 10% de la Fédération de France, certes pas tous encartés. Et +/- 4% de pieds-noirs ?<br /> 2/ "collabos" renvoie la même connotation sur les harkis. Il est temps d'en finir et de les appeler ou Français ou PN !
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P
que nous étions toutes races et religions confondues, dans une bonne entente et un échange enrichissant.<br /> Le Maroc où je naquis, fille de Pied-Noire, et grandis comme "bent bladna", reste à tout jamais mes racines les plus profondes.
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P
et je défends fortement cette appellation de Pieds-Noirs, car nous, nord-africains d'origine étrangère, mais natifs d'Afrique du nord parfois depuis plusieurs générations, nous formons un peuple, avec des souvenirs et une langue commune.<br /> Nous avons notre propre culture, ainsi que l'amour du pays et de ses enfants. <br /> Nous ressentons l'appel de notre terre de naissance et la nostalgie qu'apporte l'exil.<br /> Y aurait-il des Pieds-Noirs près de chez moi?<br /> Vous pouvez écouter une de mes chansons "ma terre" sur www.mx3.ch,rechercher: Pat Isréal. Un petit commentaire de votre part me ferait bien plaisir!<br /> Alors à bientôt, Inchallah!
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